Carson McCullers et moi

Finaliste du National Book Award 2020, Carson McCullers et moi de Jenn Shapland est un récit littéraire dans lequel l’autrice se plonge dans la vie de McCullers et mêle habilement sa vie à celle de l’écrivaine pour aborder les questions de l’identité queer et de l’amour.

Alors qu’elle est stagiaire aux archives du Harry Ransom Center, Jenn Shapland tombe sur la correspondance entre Carson McCullers et l’écrivaine Annemarie Schwarzenbach.

Saisie par l’intimité qui se dégage des lettres, Shapland décide de partir sur les traces de McCullers : elle se plonge dans son œuvre, se rend dans la maison de son enfance, passe quelques jours dans la même résidence artistique, étudie sa garde-robe et parcourt les retranscriptions de sa thérapie avec le Dr. Mary Mercer dont Carson tombe amoureuse.

Shapland découvre une McCullers différente de celle que l’Histoire présente comme une personne n’ayant jamais rencontré l’amour. Elle est immédiatement fascinée par cette figure féministe, véritable icône lesbienne.

Shapland réussit à partager ce que la rencontre avec l’autre, imaginaire ou pas, peut changer dans une vie. La rencontre autorise à se percevoir hors des modèles établis.

> Lire un extrait de Carson McCullers et moi

L’HUMANITÉ | Un dialogue fécond où s’expriment la liberté des femmes et l’importance des modèles littéraires pour trouver son propre chemin. Sophie Joubert.
 
LES INROCKS | Carson McCullers et moi est un livre audacieux et touchant. Yann Péreau.
 
LIBÉRATION | Carson McCullers et moi vous fera le plus grand lesbien. (Jenn Shapland découvre) que la vie hétérosexuelle de l’écrivaine (Carson McCullers) a pris le pas dans le récit officiel sur son amour pour les femmes. Alors, de son obsession pour Carson l’amoureuse, Jenn Shapland tire un livre, Carson McCullers et moi. Pas exactement une biographie, plutôt une façon d’entremêler leurs vécus et leurs amours, l’attirance de l’une pour l’autre et de l’autre pour les femmes de sa vie. Camille Paix.
 
GOUINEMENT LUNDI | Un essai qui se penche sur l’invisibilisation des existences queer de l’Histoire des arts et de la littérature par le prisme de l’existence et de la postérité de l’écrivaine Carson McCullers (…) Lisez Jenn Shapland et vive les lesbiennes ! Juliette Hammé.
 
JEANNE MAGAZINE | Un joyeux mélange, qui donne à (re)découvrir au lectorat français/francophone une figure importante de la littérature états-unienne, mais qui nous pousse également à nous interroger sur les nécessités de la représentation et de la visibilité des personnes LGBTI, sur le rôle des archives, ainsi que sur la subjectivité de tout.e auteurice de livre. Margot Lachkar.
 
HOMOMICRO | Une biographie de Carson et une autobiographie de Jenn Shapland (…). Je recommande vivement ce livre surtout pour les passionnés d’archives et d’histoire de la visibilité lesbienne et plus largement de la visibilité LGBTQ+ au cours du XXe siècle. Annabelle Guiraud.
LE COURRIER | Carson McCullers, Lesbienne entre les lignes | « On ne demande pas de preuves aux hétéros, mais c’est comme si on avait besoin de preuves dès qu’il s’agit de relations queer », Jenn Shapland dans une interview menée par Anne Pitteloud.
 
L’ÉCHO | Voici la vérité à la fois immense et fragile que nous offre ici Jenn Shapland : la relecture d’une icône américaine vue par le prisme queer. Une exploration immersive défiant les catégories nominales, encombrantes et vides de sens, comme homosexualité, mémoire, genres, identité ou même amour… Aliénor Debrocq.
 
LE DEVOIR | Carson McCullers et moi, vaincre le maheur par le rêve. Jenn Shapland raconte ces drames avec beaucoup de sensibilité, comme si elle les avait vécus dans sa chair. (…) Elle actualise et nationalise les malheurs de la romancière en interprétant des pancartes électorales de 2016 en faveur de Donald Trump, pancartes aperçues dans le Columbus de Carson, comme « une vision réactionnaire et moribonde du monde ». Michel Lapierre.
 
AVENUES.CA | C’est vraiment passionnant ! On remet au goût du jour une écrivaine fondamentale (Carson McCullers) et on prend vraiment grand plaisir à découvrir la plume de (Jenn Shapland) qui enquête dessus. Claudia Larochelle.
 
RADIO CANADA | Il restera toujours la culture | C’est vraiment une œuvre qui remet les pendules à l’heure sur l’homosexualité, l’amitié, la sororité, l’amour, l’identité de genre – à lire absolument. Claudia Larochelle.
 
RTBF, RADIO CAROLINE | Évocation en récit mais aussi en archives, de deux personnages passionnants épris de liberté et allergiques à toute forme de convention ou de contrainte imposées par la société. L’occasion de se replonger dans la vie de Carson McCullers ! Olivier Monssens.
 
LES LIBRAIRES. LE BIMESTRIEL DES LIBRAIRIES INDÉPENDANTES | Son nom : Jenn Shapland. Son livre : Carson McCullers et moi. Son intention : se profiler en tant que lesbienne à travers la biographie de Carson McCullers, sa sœur saphique mais cachée. Oser le double portrait, le miroir quoi ! Ce qui l’intéressait : « Comment les lesbiennes s’en sont-elles sorties? » Robert Lévesque.

THE GEORGIA REVIEW | Son constat sur le manque persistant de réponses à certaines questions met en lumière des défis pour la biographie et l’autobiographie. Julie R. Enszer.

THE OBSERVER | Un examen fascinant et intime du travail d’archive, de recherche et de préservation historique ainsi que de la question de l’identité et des constructions sociales (…) un livre idiosyncratique et gagnant en tout point. Laure LeBlanc.

LITERARY LIVES : 2020 NATIONAL BOOK FESTIVAL | Une des choses qui m’a attirée vers elle était, comme vous l’avez mentionné, la quête qu’elle avait dû entreprendre, dans son écriture et dans sa vie. Elle était aussi vraiment non conventionnelle. C’était une femme non conventionnelle. Elle ne correspondait pas au modèle de ce qu’on attendait d’elle en tant que femme, ayant grandi dans le sud dans les années 1930 et 1940. Jenn Shapland à propos de Carson McCullers.

LITERARY SOUND BITES CLIP | La particularité des archives queer, c’est qu’elles sont très partielles, très fragmentaires, il faut creuser et en quelque sorte lire et interpréter ces codes et ces euphémismes. Jenn Shapland.

MOLLAT | Bordeaux | L’approche de Jenn Shapland est intéressante, finalement nous n’avons pas un mais deux portraits d’écrivaines !

LA PETITE LUMIÈRE | Paris | Comme à la lecture des ouvrages de Maggie Nelson, je suis toujours agréablement surprise par la liberté de ces universitaires américaines qui mêlent poésie, critique littéraire, part autobiographique et une forme de position politique avec tant d’intelligence et sensibilité. Florence.

LIBRAIRIE BASTILLE | Paris | Ici la biographie de Carson McCullers par une femme queer permet de poser l’adjectif « lesbiennes » sur les relations et d’envisager la complexité de son cheminement intérieur à une époque où n’existait pas le langage pour en parler et encore moins l’espace pour le vivre. Passionnant ! 

LIBRAIRIE ALBERTINE | Concarneau | Coup de foudre immédiat pour ce livre ! Happée dès les premières pages par tout ce que j’aime ! La vie et la littérature qui s’emmêlent, l’analyse fine des sentiments, l’écriture comme aboutissement de toute expérience vécue… Et cette hybridation de l’essai littéraire, de l’autofiction, du texte sociologique et du roman que maîtrisent si bien les autrices américaines ! Janet Malcom, Joan Didion, Maggie Nelson, Dorothy Allison, Sigrid Nunez… et maintenant Jenn Shapland, comment écrivez-vous ces merveilles ?

TULITU | Bruxelles | Coup de cœur. Si vous aimez Maggie Nelson, vous allez adorer Jenn Shapland qui nous raconte son point de vue intime sur la vie de l’autrice Carson McCullers. Un magnifique récit sur l’invisibilisation des femmes queer ! Ariane.

LES MODERNES | Grenoble | Le sujet n’est pas : « Carson est-elle lesbienne ? » ni « Carson est lesbienne » ni même « Qu’est-ce qu’une lesbienne » comme le présente si bien Jenn Shapland . « Le sujet n’est pas… » et pourtant l’autrice va tenter de dévoiler avec une juste délicatesse, une brillante vivacité et toute sa subjectivité le personnage qu’était Carson McCullers. Elle y travaille en archiviste : par fragments, par couches, par bribes qui sont autant de chapitres, parfois très courts, lapidaires. Il est fictif de croire en la linéarité d’une vie. Jenn Shapland nous invite donc à une enquête. Les entrées sont nombreuses et se superposent, voire se contredisent. On entre donc ainsi, au cœur de ce sujet : Carson McCullers elle-même, pour mieux en déjouer l’invisibilité dont elle a été l’objet, quant à sa vie amoureuse. Pour ma part, je n’ai même pas respecté la pagination, j’y suis allée au hasard des titres de chapitres comme autant de possibles à une vie. Finalement, le sujet pourrait être : de qui cette biographie est le nom ? Carson McCullers, à moins que ce ne soit Jenn Shapland, continue à nous fasciner bien après avoir refermé le livre… Gaëlle.

LES VINZELLES | Volvic | Coup de cœur. Non pas une biographie mais une explication point par point de ce qu’est Carson McCullers, un être unique, souffrant, solitaire, clairvoyant, queer, mais le mot n’étais pas encore créé… c’est une revisite de la vision qu’on nous a faits avoir… Une femme, auteure et qui aimait les femmes, peut on appeler ça de la littérature ? Ce livre nous fait comprendre à quel point c’est le cas. Un livre pareil, ça se partage ! Margot.

L’ARBRE A LETTRES | Paris (Bastille) | Énorme coup de cœur pour Carson McCullers et moi. Laura.

 
 

Carson McCullers fait partie des 20 auteurs les plus importants du XXème siècle – classement de la très prestigieuse Library of Congress.

Autrice blanche, elle a su mieux que personne raconter la solitude, le passage de l’enfance à l’âge adulte et la marge dans une Amérique où la ségrégation raciale règne encore mais qui est sur le chemin du mouvement des droits civiques.

Son œuvre a été récompensée par le Younger Generation en 1965 et le Henry Bellamann Award en 1966 pour « son apport magistral à la littérature. »

Elle nait en 1917 à Columbus en Georgie et meurt en 1967 à New York. Elle avait 50 ans.

Dans ses textes, elle met à jour les liens qui l’unissent aux exclus, aux perdants de la société car elle-même est une femme à part, hors du modèle blanc, hétéronormé si prégnant dans l’Amérique des années 30, 40 et 50.

Carson McCullers est une écrivaine du Sud des États-Unis comme Mark Twain, Faulkner, Flannery O’Connor, Tony Morrison, Tennesse Williams ou Margaret Mitchell.

En 1940, âgée de 23 ans, elle publie son premier roman, Le cœur est un chasseur solitaire, le succès commercial et d’estime est immédiat. Le texte porte tous les thèmes qu’elle creusera dans ses écrits à venir. Dans le New Republic, Richard Wright (Black Boy) qui n’a pas encore rencontré Carson McCullers, écrit au sujet du livre :

« Une humanité impressionnante qui permet pour la première fois, d’avoir un auteur blanc, dans la littérature du sud, capable de raconter la vie des Afro-Américains avec autant de profondeur et de justesse que si elle faisait partie de cette communauté. »

McCullers et Wright devinrent bons amis. Il fréquenta la February House et ils se retrouvent à Paris avec Alice B. Toklas, James Baldwin, William Burroughs, Sherwood Anderson, Jean Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Jean Cocteau et Samuel Beckett.

Le cœur est un chasseur solitaire est souvent comparé à Homme invisible pour qui chantes-tu ? de Ralph Ellison.

En 1937, elle épouse Reeves McCullers, une relation houleuse, qui connaîtra un divorce et un remariage.

Elle dédie son deuxième roman, Reflets dans un œil d’or à Annemarie Schwarzenbach, dont elle est tombée amoureuse. Le livre sera adapté au cinéma par John Huston, avec Marlon Brando et Elizabeth Taylor dans les rôles principaux.

Truman Capote, séduit par le talent de McCullers, se rapproche d’elle et de son mari. Ils se fréquentèrent un long moment. McCullers fut toutefois agacée de son attitude et l’accusera d’avoir plagié certains passages de ses écrits. Elle coupa les ponts. Mais Capote se rendit à son enterrement et à celui de Reeves.

Entre 1940 et 1941, elle vit à la February House à Brooklyn où se croisent Gypsy Rose Lee, W.H. Auden, George Davis, Paul Bowles, Richard Wright, Christopher Isherwood mais aussi les compositeurs Leonard Bernstein, David Diamond, Peter Pears et Aaron Copeland.. Anaïs Nin surnomma la maison February House, lorsqu’elle apprend que Davis, Auden et McCullers sont nés en février.

« Une maison démente comme celles qu’on voit, en Belgique, dans le nord de la France ou en Autriche. L’épicentre de la culture Americana« , écrit-elle dans son journal.

En 1941, elle est victime de son premier accident vasculaire. De terribles rhumatismes articulaires la feront souffrir une grande partie de sa vie.

En 1942, elle gagne la prestigieuse bourse du Guggenheim et décroche une bourse de 1000 dollars de l’American Academy of Arts and Letters. Ces deux aides lui permettent d’écrire Frankie Addams, son troisième roman publié en 1946 qui remportera également un grand succès commercial et d’estime. Elle l’adapte à Broadway et est joué en 1950 pendant presque 15 mois d’affilée.

Époustouflé par le travail de McCullers, Tennessee Williams deviendra un de ses amis les plus proches.

« Elle est, à mes yeux, l’auteur le plus important d’Amérique, voire du monde. J’ai trouvé dans son œuvre une densité et une noblesse d’esprit qui avaient disparu de notre prose depuis Melville », dira-t-il.

McCullers remporte le New York Drama Critics’ Circle Award, le Donaldson Award et le Gold Medal by the Theatre Club, Inc. dans la catégorie Meilleur auteur.

Frankie Addams est adapté avec succès en 1952 au cinéma. Claude Miller s’en inspirera pour L’effrontée.

Les déjeuners qu’elle organise à Nyack, dans sa maison d’enfance, sont restés mémorables par l’opulence des repas et la célébrité de ses invités parmi lesquels on compte Marylin Monroe, son mari Arthur Miller et Isak Dinesen, l’autrice de Out of Africa, un de ses livres préférés.

Le syndrome de la feuille blanche pousse Carson McCullers à consulter le Dr. Mary Mercer. La thérapie remettra McCullers sur le chemin de l’écriture : Une horloge sans aiguille est publié en 1961. Le roman est classé parmi les meilleures ventes pendant 5 mois. Elle aborde la condition des Afro-Américains dans le sud des États-Unis.

Carson McCullers a écrit 4 romans, deux pièces de théâtre, 20 nouvelles, et de nombreux articles, essais et poésies.

Crédits illustration : Jordan Mitchell

 
Traduit de l’américain par Hélène Cohen
ISBN | 978-2-37120-041-8
Prix 24,90 €, 304 pages
Format 14 x 21 | © Couverture Tylor Durand
Genre | Non fiction
 

Sélectionné pour le Pen Award pour la traduction.

Sélectionné pour le Prix de la biographie Geneviève Moll.

Jenn Shapland est une écrivaine et archiviste américaine. En 2020 paraît Carson McCullers et moi, son premier texte qui a remporté de nombreux prix littéraires.

Shapland naît en 1987 et grandit dans une banlieue de Chicago. Après des études au Middlebury College, elle obtient un doctorat en anglais à l’université du Texas à Austin où elle effectue un stage aux archives du Harry Ransom Center. Elle tombe alors sur la correspondance entre Carson McCullers et Annemarie Schwarzenbach. Saisie par l’intimité qui se dégage des lettres, Shapland décide de partir sur les traces de McCullers. Son travail de recherche lui donne accès à de prestigieuses résidences artistiques dont celle qui lui ouvre les archives de la Columbus State University, garante de l’héritage de l’œuvre de Carson McCullers. Un cheminement de plus de six ans qui va lui révéler l’homosexualité de l’écrivaine.

L’auteure a signé Finders, Keepers récompensé par le prix Pushcart en 2017 et a reçu en 2019 le Rabkin Foundation Award pour le journalisme d’art.

Ses textes s’inscrivent dans la veine de ceux de Maggie Nelson ou de Carmen Maria Machado.

Jenn Shapland travaille aujourd’hui comme archiviste pour un artiste et enseigne au département d’écriture créative de l’Institute of American Indian Arts de Santa Fe où elle vit avec sa compagne.

Son prochain livre, Thin Skin, explore les effets du capitalisme sur les individus et la Terre tout en traitant de la difficulté de vivre à la marge.

Crédits photo : Christian Michael Filardo

Une placardisation de l’Histoire queer ?

On ne compte plus les femmes lesbiennes placardisées par l’Histoire, comme la peintre Rosa Bonheur prochainement exposée au Musée d’Orsay et aux Beaux-Arts de Bordeaux, dont l’homosexualité est tue. Pourquoi chercher à réécrire l’histoire de ces femmes et balayer d’un revers de la main leurs relations amoureuses ? Aujourd’hui, il est essentiel de se replonger dans la vie de ces femmes et de raconter leur histoire. À commencer par la très célèbre Carson McCullers.