Journal d’une femme noire

Dans une société américaine à peine affranchie de ses lois racistes, les Afro-Américains, en exerçant leurs droits civiques, peuvent enfin accéder à leur vie. Cette nouvelle liberté suscite une exaltation et un bouillonnement racontés par Kathleen Collins à travers les relations amoureuses et filiales d’une femme noire, installée à New York.

Mais être soi, c’est inévitablement faire l’expérience de la différence, d’une autre vie, et parfois d’une autre couleur de peau. C’est s’exposer à des réactions infimes, démesurées et ressentir le poids de l’Histoire qui pèse silencieusement sur chaque existence. Kathleen Collins plonge le lecteur dans ces interactions, éminemment politiques et intimes.

Malicieux et pétillants, sincères et vivants, ces écrits livrent une critique du discours blanc dominant tout en dénonçant les idéologies afro-centrées. Le féminisme universaliste et précurseur de Kathleen Collins se distingue de celui qui se pense en fonction du genre, de l’orientation sexuelle ou de la couleur de peau. On entend l’écho des voix de James Baldwin, de Toni Morrison, de Ralph Ellison et de Richard Wright.

> Lire un extrait de Journal d’une femme noire

Écouter une lecture de la nouvelle «Qu’avons-nous fait de l’amour mixte ?» issu de Journal d’une femme noire de Kathleen Collins : 

FRANCE INTER | LE MASQUE ET LA PLUME | Conseil de lecture | Écrit avec une grande finesse. Elle est très subtile. Patricia Martin.

TÉLÉRAMA | Trois T | Le livre est mince, étrange et beau. Une voix étincelante d’intelligence, impressionnante de ténacité et d’intégrité. Nathalie Crom.

L’OBS | Trois étoiles | Pourquoi il faut lire le « Journal d’une femme noire » de Kathleen Collins. Cette écrivaine et cinéaste afro-américaine a laissé des textes d’une liberté absolue sur la psyché d’une femme noire. Ils sont traduits pour la première fois en français. Élisabeth Philippe.

L’EXPRESS | D’Aimé Césaire à Kathleen Collins, la fiction à l’assaut du racisme. Marianne Payot.

LE POINT | Collins interroge autant la femme en elle que la femme de couleur, avec une audace absolue. Valérie Marin La Meslée.

ELLE | Cette femme bouleversante et libre que l’on aurait aimé connaître. Le temps est venu de rencontrer Kathleen Collins.  Clémentine Goldszal.

L’HUMANITÉ | Il faut lire Kathleen Collins, dont la voix puissante et l’intelligence éclairent notre présent. Sophie Joubert.

LIVRES HEBDO | Pour Kathleen Collins, la sortie du ghetto est un combat qui ne se mène pas qu’à l’extérieur, il doit s’accompagner d’une rébellion intérieure pour s’affranchir de toutes assignations. Véronique Rossignol.

OUEST FRANCE | «Mêle respect, contemplation, explore la vie quotidienne de personnages noirs en 1963, autour des thèmes de la vie quotidienne, de la discrimination raciale et des relations interraciales» les metteurs en scène Dominique Godderis et Aurélien Chouzenoux. Agnès Le Morvan.

LE SOIR | Journal d’une femme noire nous ouvre des horizons nouveaux. Et  on n’est pas rassasié, on en redemande. Les Éditions du portrait annoncent justement une sortie prochaine d’un recueil qui réunira les derniers textes de Kathleen Collins. On est impatient. Jean-Claude Vantroyen.

RTBF | RADIO CAROLINE | Un très joli petit livre où se mêle des nouvelles, des lettres personnelles, des extraits de son journal intime. Une authentique et singulière voix (…). Je vous le recommande chaudement ! Olivier Monssens.

TÉLÉ JOURNAL Canada Ici | Un livre formidable. Claudia Larochelle.

LE DEVOIR | Les écrits de James Baldwin et de Kathleen Collins démontrent clairement l’ampleur, mais aussi les limites des conquêtes réalisées par le mouvement des droits civiques aux États-Unis entre 1954 et 1968. Christian Saint Pierre.

ICI RADIO CANADA | Qui par sa plume brillantissime fait un état des lieux sur les effets du racisme et réfléchit aussi à l’universalité du racisme. Hélène Faradji.

RADIO TÉLÉVISION SUISSE | LE LABO | Pour tisser une histoire des résistances au racisme.  

LIBRAIRIE MOLLAT | Coup de cœurLes Éditions du Portrait nous offrent une fois de plus le plaisir de découvrir une grande voix. Après Gloria Steinem, Mary Catherine Bateson ou encore Sunaura Taylor, c’est au tour de Kathleen Collins de nous interpeller, nous émouvoir, nous toucher. Emilie Sabatier.

LIBRAIRIE TULITU | J’ai découvert une personnalité forte, une femme aux avis tranchés qui nous donnent à réfléchir sur le racisme. Ariane Herman.

LIBRAIRIE LES PARAGES | Kathleen Collins dresse le portrait d’une société, développe sa pensée aussi bien dans ses journaux que par la fiction. Son écriture est fluide, sa pensée brillante. Tenez vous prêt.e.s à découvrir Kathleen Collins !  Nicolas Fargette.

LA FAB. | Dans l’intimité de ses journaux et la singularité de ses fictions, la voix de Kathleen Collins nous offre une réflexion brulante d’actualité, profondément politique et éminemment humaniste. À lire absolument ! Clément Douala.

LE LIVRE ÉCARLATE | Ce livre est formidablement riche, et particulièrement éclairant sur l’expérience noire. Mélanie Mora Y. Collazo.

Journal d’une femme noire réunit des nouvelles, des lettres, des fictions et des extraits de journaux. L’effet miroir entre la fiction et la non fiction est une formidable introduction à l’oeuvre de cette autrice majeure célébrée par le Women Prize for fiction en 2019. Les écrits de Kathleen Collins ont été publiés à titre posthume en 2015 et 2016.

Kathleen Collins était engagée dans le mouvement des droits civiques. Après des études en philosophie et religion à la prestigieuse université de Skidmore, elle obtient une bourse pour compléter son cursus à la Sorbonne. Elle a enseigné l’écriture à l’université de New York et a signé un film culte Losing Ground sorti en 1982.

“Les textes de Kathleen Collins prouvent qu’elle était une artiste polyvalente, dotée d’un talent extraordinairement original, singulier et pluriel. Tout simplement une des meilleures dans la création littéraire et cinématographique.”

The New Yorker – Février 2019

Traduit de l’américain par Hélène Cohen et Marguerite Capelle. Couverture © Tylor Durand. ISBN papier 978-2-37120-023-4 | ISBN digital 978-2-37120-024-1. 144 pages | 15 € (version papier) et 10, 99 € (version numérique).

Née en 1942, Kathleen Collins a grandi à Jersey City. Elle suit des études à la prestigieuse université de Skidmore dans l’État de New York et en 1963, elle obtient une licence de philosophie et de religion. En 1965, elle est récipiendaire d’une bourse pour compléter son cursus à la Sorbonne ; elle en sortira diplômée en littérature française et en cinéma.

Entre-temps, Kathleen Collins s’est engagée dans le mouvement des droits civiques après avoir rencontré les leaders du SNCC, Student Nonviolent Coordinating Committee (Comité de coordination non-violent des étudiants) dont le logo, une main noire qui serre une main blanche, affiche, on ne peut plus clairement, les convictions.

De retour aux États-Unis, Kathleen Collins enseigne l’histoire du cinéma et l’écriture scénaristique à l’université de New York. Parallèlement, elle mène une carrière de scénariste et de réalisatrice à une époque où rares étaient les femmes, les femmes noires en particulier, à accéder à ces ambitions. Losing Ground, son premier long métrage, sorti en 1982, est le premier dans l’histoire du cinéma à être dirigé par une Afro-Américaine. Le film remportera le premier prix au Festival du film international de Figueira au Portugal, deviendra culte pour les cinéphiles et en 2019, il est au programme du festival international de Locarno.

Kathleen Collins a écrit tout au long de sa vie. Elle a tenu un journal, écrit des nouvelles, de nombreuses lettres, des pièces de théâtre et des scénarios. Son œuvre est traversée par une curiosité débordante pour l’individu et ses comportements. Selon elle, si la couleur de peau a une influence certaine sur la vie d’une personne, la couleur de son épiderme, sa “race” 1- sont insuffisantes pour la définir, comme le rappelle l’encyclopédie Greenwood de littérature multiethnique américaine (p482). Le regard et la pensée de Kathleen Collins étaient précurseurs et courageux à une époque où les communautés, pour se définir, privilégiaient encore plus leurs différences culturelles qu’aujourd’hui.

Kathleen Collins décède à l’âge de 46 ans d’un cancer du sein. En 2015, le Lincoln Center de New York programme Losing Ground ; c’est une déflagration. Est révélée la réalisatrice, Kathleen Collins, et bientôt l’écrivaine Kathleen Collins. Sa fille, Nina, profite de cet enthousiasme et fait publier les écrits de sa mère, restés jusqu’alors dans ses tiroirs. Slate écrira en 2017 :

«L’œuvre de Collins va être, sans aucun doute, aujourd’hui canonisée mais quel dommage que cela n’ait pas été fait plus tôt»

et le New York Times book Reviews en 2016 annonce :

«Éblouissant (…) dans ses nouvelles, nous découvrons une écriture habile, un regard affûté, mordant notamment quand elle fait apparaître le politiquement correct.» 

 

1- voir la définition du mot race dans la note de l’éditrice.

En février 2015, dans le cadre de son festival Tell It Like It Is: Black Independents in New York, 1968 – 1986, le Lincoln Center à New York programme Losing Ground, un film sorti en 1982, écrit et réalisé par Kathleen Collins, dans lequel elle suit la vie amoureuse et sociale d’une intellectuelle afro-américaine. Le long métrage, l’un des premiers signé par une femme afro-américaine, enchante la communauté des cinéphiles mais passera inaperçu auprès du grand public. Trente ans plus tard, c’est une déflagration, les médias et le public s’enthousiasment. Le talent de Kathleen Collins est révélé. Sa fille Nina Lorez Collins décide alors de proposer à la publication les textes de sa mère restés dans un tiroir.

En 2016, Whatever happened to interracial love, un recueil de nouvelles, provoque aussi une pluie d’éloges. Pour Zadie Smith, «elle est une écrivaine exceptionnelle», le Financial Times considère lui que «Nous avons besoin de livre comme ceux-là pour nous aider à préparer l’avenir» !

En 2019 sort Notes from a black woman’s diary, qui regroupe des fictions, des journaux, des lettres, des pièces de théâtre et deux scénarii : à nouveau les louanges l’accompagnent.

«Éblouissant… nous découvrons une écriture habile, un regard affûté, mordant notamment quand elle fait apparaître le politiquement correct

The New York Times Book Reviews.

La présente édition de Journal d’une femme noire est issue d’une composition élaborée à partir des textes cités ci-dessus. Nous avons rassemblé des nouvelles (tirées du recueil Whatever happened to interracial love), des extraits de son journal et des lettres (issues des Notes from a black woman’s diary). En effet, transmettre la formidable puissance des écrits de Kathleen Collins, où l’imaginaire et l’intime d’une femme afro-américaine rencontrent l’Histoire et notamment la récente égalité de droits pour les Noirs américains, passait, nous semblait-il, par une mise en miroir de la fiction et de la non fiction. Nous publierons prochainement un recueil de nouvelles qui réunira les derniers textes de Kathleen Collins, dont la mort prématurée, à l’âge de 46 ans, ne lui a, malheureusement, pas laissé le temps de poursuivre son œuvre. Rachèle Bevilacqua

Sur le mot «race», Kathleen Collins utilise le mot race dans ce texte. Aux États-Unis, ce terme fait partie du vocabulaire courant, non pour opérer une différence biologique entre les personnes, mais pour marquer une différence de traitement social. Cette définition du mot «race» permet ainsi aux sciences sociales de prendre en compte la spécificité des expériences vécues par les Afro-Américains. Elle permet également de réfléchir aux façons de mettre fin aux discriminations.

En 2009, l’auteur Pap Ndiaye a consacré une partie très instructive du premier chapitre de son livre La condition noire : essai sur une minorité française (Folio-Gallimard) à l’emploi du mot race dans la langue américaine.