#5 – États-Unis : identités rebelles

«Laissez-les m’appeler rebelle. Acceptez-le. Cela ne me dérange pas. Mais je souffrirais tous les maux de l’enfer si je devais prostituer mon âme.»
Thomas Paine

Quand Thomas Paine prononce ces mots en décembre 1776, quelques mois après la Déclaration d’indépendance qui signe l’acte de naissance des États-Unis d’Amérique, il n’imagine pas à quel point cet esprit de résistance va marquer le pays. Non seulement il s’agit là de l’essence même de la révolution américaine, mais cet esprit de résistance a inspiré et continue d’inspirer la lutte de femmes et d’hommes dans la conquête ou la défense de leurs droits fondamentaux.

L’histoire américaine est riche de ces combats, celui des Indiens pour le respect des traités et de leurs cultures traditionnelles, celui qu’ont mené les Noirs vers la liberté et l’égalité, celui identique des Hispaniques ou des Asiatiques, ceux qu’ont menés et mènent encore les femmes, les homosexuels, sans oublier toutes les luttes sociales et les batailles pour la protection de l’environnement.

Récemment encore, de nombreux mouvements sont nés : Black Lives Matter, la lutte des «Protecteurs de l’eau» sur la réserve sioux de Standing Rock contre le Dakota Access Pipeline, le mouvement des villes-sanctuaires pour la protection des sans-papiers, et le #MeToo movement.

Malgré les apparences et l’effet de saturation de la présidence de Donald Trump, il faut résister au pessimisme et garder confiance en l’Amérique. Comme toutes les démocraties à l’heure du regain des populismes, elle est capable d’errements mais conserve chevillées à l’âme les valeurs qui font sa grandeur. Des valeurs qu’incarnent aujourd’hui tant d’anonymes ou de personnalités comme celles que vous allez découvrir dans ces pages : Rachel Kushner, Meg Wolitzer, Attica Locke, Sam Lipsyte, David Treuer et Gyasi Ross. Chacune et chacun d’entre eux entretiennent cet esprit américain si singulier, fait de valeurs individuelles et collectives.

Gardons donc bien présents à l’esprit, en attendant des jours meilleurs, ces mots d’un autre président américain, Barack Obama, le soir d’une élection qui paraissait inimaginable aux yeux du monde entier : 

«Lorsque nous avons surmonté des épreuves apparemment insurmontables, lorsqu’on nous a dit que nous n’étions pas prêts, ou qu’il ne fallait pas essayer, ou que nous ne pouvions pas, des générations d’Américains ont répondu par un simple credo qui résume l’esprit d’un peuple.»

Francis Geffard

 

Toutes les photos sont signées de Patrick Messina. Mel Melcon du Los Angeles Times signe la photo d’Attica Locke.

Couverture © Tylor Durand

Portrait5

Il est l’auteur de deux livres, Don’t Know Much About Indians (but I wrote a book about us anyways) et How to Say I Love You in Indian. Gyasi Ross est aussi conférencier. Ses sujets : la condition des non-Blancs, la justice, les privilèges des Blancs et la vie des Amérindiens. Il signe des articles dans le Huffington PostGawker ou Indian Country Today. Il exerce le métier d’avocat. Gyasi Ross vient de la Blackfeet Nation et vit dans la réserve de Port Madison Indian, près de Seattle. Il est un passeur incontournable de la culture amérindienne. Par Judith Perrignon.

Il est né en 1972, d’un père juif autrichien et d’une mère indienne, et a grandi sur la réserve ojibwé de Leech Lake dans le Minnesota. Il est titulaire d’un diplôme de creative writing de Princeton et d’anthropologie de l’université de Chicago. David Treuer est le récipiendaire d’une bourse du Guggenheim et du NACF. Il a signé LittleComme un frèreLe Manuscrit du Docteur Apelle, sacré meilleur livre de l’année 2006 par le Washington Post et le récit Indian Roads – tous traduits aux éditions Albin Michel. Par Pauline Guéna.

Elle est l’autrice de trois romans. Les deux premiers, Télex de Cuba (Le Cherche-Midi) et Les Lance-flammes (Stock), ont été finalistes pour le National Book Award. Son dernier roman, The Mars Room, vient de sortir aux USA. Don DeLillo est l’une de ses influences majeures. Elle est la récipiendaire d’une bourse du Guggenheim. Elle est née en 1968 à Eugene dans l’Oregon et vit à Los Angeles. Par Julie Bonnie.

Elle est l’autrice de plusieurs romans traduits en français dans la série noire de Gallimard. Marée noire, son premier texte, a été nommé pour le très prestigieux Edgar Award 2010, qu’elle a remporté en 2018 avec Bluebird. Ses écrits s’intéressent à la condition des Noirs américains. Elle est aussi scénariste pour le cinéma et la télévision. Elle est née en 1974 à Houston au Texas et vit à Los Angeles. Par Rachèle Bevilacqua.

Traduction par Mona de Pracontal.

Gloria Steinem est la plus célèbre des féministes américaines. Son texte fondateur, Actions scandaleuses et rébellions quotidiennes, vient d’être traduit en français pour la première fois par les éditions du Portrait. Ses écrits rendent compte de la place attribuée aux femmes par la société et de son enfermement, mais ils montrent aussi la possibilité de s’en émanciper. Gloria Steinem est née en 1934 à Toledo, Ohio. Elle vit à New York City.

Il est l’auteur de romans et de nouvelles dont plusieurs ont été traduits en français, Demande, et tu recevras (Monsieur Toussaint Louverture) et Douce Amérique (Calmann-Lévy). Il enseigne l’écriture à l’université de Columbia. Ses textes sont également publiés dans des revues comme Le BelieverParis Review ou le New Yorker. Le style de Sam Lipsyte se caractérise par un humour noir dévastateur. Il est né en 1968 et habite à NYC. Par Nathalie Bru.

Elle est l’autrice de plusieurs romans dont certains ont été traduits en français : La Position (Sonatine), Les Intéressants (Rue Fromentin). This Is Your Life a été adapté au cinéma par Nora Ephron, Surrender Dorothy a été adapté pour la télé, ainsi que L’Épouse qui met en scène Glenn Glose. The Female Persuasion sortira en 2019 aux éditions Rue Fromentin. Meg Wolitzer est née en 1959 à Brooklyn et vit à NY. Par Clémentine Gaillot

Grande voyageuse, Alice d’Orgeval a fait le tour du monde pour différents magazines, JalouseLes Échos ou encore Madame Figaro. « Mon Amérique » est une suite de longs moments suspendus dans des lieux particuliers, dans un temps presque effacé.

 

C’est en rencontrant, en 2003, Matt Madden et sa bande de copains Jessica Abel, Joe Sacco, Chris Ware ou Charles Burns que Paolo Bevilacqua a eu l’idée de sa série de triptyques. 

«La fascination qu’exerçait sur moi cet époustouflant ballet de mains et de crayons, relais virtuoses et magiques de leur imagination fertile, me permit de comprendre viscéralement combien le crayon et la main incarnent une vive et nerveuse extension du corps d’un dessinateur.»